vendredi 2 décembre 2005

Alors le navire de Swift s'éloigne, merci à Laure

- Ma mère avait enfin trouvé le courage de le foutre dehors. Il m’aura fallu passer par la case Urgences pour ça, mais peu importe. Je n’ai pas gardé de cicatrices de cette dernière soirée passée en sa compagnie de toute façon. Les points de suture à l’arcade sourcilière ont vite été camouflés par un peu de khôl, l’œil au beurre noir bien caché derrière des lunettes de soleil s’était enfui en quelques jours, quant aux cotes brisées, une chance, ça ne se voit pas.
- En revenant de l’hôpital le lendemain matin, ma mère fit un crochet par le commissariat et porta plainte. Je n’ai pas trop suivi le reste de l’histoire. Je m’en fous de ce que cet enfoiré va devenir tant que je n’ai jamais à le revoir autrement que pour l’identifier dans une morgue ou pour l’achever d’un coup de couteau dans la gorge.
- Je sais juste que les flics sont passés débarrasser la maison de ce bâtard avant qu’on ne rentre avec ma mère. C’était il y a moins de cinq mois, juste avant la rentrée scolaire. Depuis, on vit toutes les deux. L’une sur l’autre. On s’engueule assez souvent parce qu’elle est devenue carrément insupportable, mais je préfère encore traiter ma mère de pute et la voir partir en pleurant et en regrettant ma naissance plutôt que de me prendre une beigne à chaque réflexion de travers ou, tout simplement, pour défouler un alcoolique notoire.
- Et puis, elle bosse beaucoup de toute façon, pas comme l’autre déchet, se disant poète. Du coup, j’ai souvent la maison pour moi toute seule. Comme ce matin de décembre...

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