Martin Creed,
Work No. 600, 2006
- Reste donc, fit Boudonneau. Tu déjeuneras avec moi.
- Toujours la même histoire ! Tu es trop gentil. Je ne viendrai plus à cette heure-là. As-tu assez pour nous deux au moins ?.... Ah ! bigre, du foie de veau ! Je ne résiste plus… Si j’avais su, j’aurais apporté quelque chose…
Il apporte sa gaieté. Il est rond, gras, jovial, enluminé comme un comique, mais comme un comique qui se hâte de trouver un engagement, avant de perdre son ventre. De son métier il est financier, mais la finance chômant, il sert de secrétaire à son ami. Ainsi, affirme-t-il, on se crée des relations utiles, dans les journaux. Il est malin et pratique. Dans cette antichambre de rédaction il a tracé un immense projet de restauration économique, transmis au directeur avec cette épigraphe : « Projet conçu et rédigé en dix minutes devant le garçon de bureau qui pourra en témoigner et qui m’a décerné le titre d’auteur-éclair. »
- Quand je pense que je vais te priver de la moitié de ton foie de veau ! s’écrie l’auteur-éclair.
Et il ajoute :
- Pauvre vieux !
(...)
Mort d’un vétéran… ça ne vaut pas plus d’une dizaine de lignes…
Henri DUVERNOIS, {Simon Schwbacher}, (1875-1937) : La Mort de Prosper Boudonneau, Hirondelle.- Paris : A l'Enseigne de la Porte Etroite, 1927.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire