— Ta poitrine sur ma poitrine, Mêlant nos voix, Lents, nous gagnerions la ravine, Puis les grands bois !... Puis, comme une petite morte, Le cœur pâmé, Tu me dirais que je te porte, L'œil mi-fermé... Je te porterais, palpitante, Dans le sentier : L'oiseau filerait son andante : Au Noisetier... Je te parlerais dans ta bouche ; J'irais, pressant Ton corps, comme une enfant qu'on couche, Ivre du sang Qui coule, bleu, sous ta peau blanche Aux tons rosés : Et te parlant la langue franche... Tiens !... — que tu sais... Nos grands bois sentiraient la sève, Et le soleil Sablerait d'or fin leur grand rêve Vert et vermeil. « Aucune étoile ne restera dans la nuit Ni la nuit ne restera. Je mourrai et avec moi mourra la somme de l'intolérable univers J'effacerai les pyramides, les médailles, les continents, les visages. J'effacerai l'accumulation du passé. Je réduirai en poussière l'histoire, en poussière la poussière. Je regarde le dernier coucher de soleil. J'entends le dernier oiseau. Je lègue le néant à personne. » {Jorge Francisco Isidoro Luis Borges}
vendredi 28 juillet 2006
L'Année Rimbaud (for ever)
— Ta poitrine sur ma poitrine, Mêlant nos voix, Lents, nous gagnerions la ravine, Puis les grands bois !... Puis, comme une petite morte, Le cœur pâmé, Tu me dirais que je te porte, L'œil mi-fermé... Je te porterais, palpitante, Dans le sentier : L'oiseau filerait son andante : Au Noisetier... Je te parlerais dans ta bouche ; J'irais, pressant Ton corps, comme une enfant qu'on couche, Ivre du sang Qui coule, bleu, sous ta peau blanche Aux tons rosés : Et te parlant la langue franche... Tiens !... — que tu sais... Nos grands bois sentiraient la sève, Et le soleil Sablerait d'or fin leur grand rêve Vert et vermeil.
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