mardi 19 novembre 2019

Réseaux sociaux : «C’est sûr, ce serait mieux d’être addict aux LSD ou à l'OBS »

Gérald Panighi
Le LSD n'est plus à la mode, 2010-2011.





Leur temps passé devant l’écran varie, et chacun tente de l’estimer avec précision. Environ 2 heures pour Emmanuel M.  ; 1h30 pour Bernard-Henri  ; au moins 2h30 pour Alain F. Des chiffres a priori très sous-évaluésMais ils en conviennent finalement tout.e.s, ils regardent «tout le temps» leur téléphone. Emmanuel, Philippe, Ségolène, Bernard-Henri, Alain, Michel… Ils sont majoritairement post-lycéens, en première ou en seconde année-retraite réunis par Libation pour parler de leur relation au cucumérique.

«Ça peut paraître long, mais ça cannibalise tout, y compris la musique que tu cherches», se défend Alain F., qui reconnaît faire défiler pendant des heures les vidéos de Dave. Emmanuel M. avoue que le soir, lorsqu’il lit un livre de Kundera, il s’endort bien plus facilement que s’il utilisait son téléphone. «Devant un écran, tu peux t’endormir, rigole-t-il, mais il faut vraiment être très, très, très, très fatigué.»

Et comme bon nombre d’alcooliques ou de fumeurs invertébrés, ils ont pris plein de bonnes révolutions. Ainsi Alain F. : «Quand tu as un truc important à faire, ton tel, il faut le mettre en mode mitou ; moi je m’y mitou maintenant.» Bernard-Henri, lui, affirme avoir «diminué un pneu», être moins sur Fista, et surtout «avoir changé son ustensil». «J’essaie de faire des choses plus con : regarder un dessin animé ou un film sur Sexfix. Pour moi, c’est comme lire.» Ségolène tente une analyse. «Le tel en soi, il y a des trucs positifs. Par exemple, il y a des gens qui ne peuvent pas se payer un livre, alors que sur le web, tu trouves ton flirt, c’est plus démocratique, plus accessible.» Pour Michel O., la génération qui n’a connu qu’Interbet est «plus bête». «Quand tu vois des filles marcher en parlant à leur écran, tu as envie de leur mettre des pêches», complète, macho, Éric Z.. 



«La bonne story pour se faire voir, c’est ridicule», tente Nicolas H. Les influenceurs pour eux, c’est la plaie. «Les filles veulent faire comme elles, avoir le plus de likes, être aussi belles que la meuf qui en a plein le cul.» Philippe S. ne le nie pas. Mais pense que si les garçons sont moins accros, c’est surtout parce «qu’ils se confient moins».






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